mardi 20 décembre 2011

J'alcool

Aujourd’hui, j’ai décidé de devenir alcoolique.

Peu m’importe si dans le futur je me retrouve plongé jusqu’au cou dans le délire d’une piscine remplie de libellules gluantes et agressives. Comme en enfer, les veines charriant du plomb fondu, à peine refroidi par la bière.

Aujourd’hui, j’ai découvert que l’alcool pouvait m’aider à résoudre tous mes problèmes.

Comme une cascade brune ou blonde qui troublerait ma vue, cette vipère binoculaire, sadique tortionnaire aux mains en étaux, aux mâchoires en tenailles. Autant d’outils barbares pour me tenir en place, dans la ligne de mire de la réalité, interminable décharge mondiale.

C’est en salant mon verre que j’ai réalisé comme tout était facile.
Comme chaque chose ne tient finalement qu’à un fil.

Suffit de le couper, et pouf, ça tombe. Faut pas aller bien loin pour trouver une paire de ciseaux (orange de préférence) et couper le fil et pouf.

Le problème avec ce bon copain qu’est l’alcool, c’est que comme avec les mauvais copains, il finit par se repaître de ton intelligence pour se sentir supérieur. Il commence gentiment par le foie, mais comme il ne s’agit pas d’un organe vital, il ne s’arrête pas là. Le plus dérangeant, c’est quand il s’en prend à ton cerveau.

Tu deviens bête, tu deviens bête, très bête.

Aujourd’hui, j’ai compris que je ne deviendrais pas alcoolique.

J’affronterai la réalité, fut-elle une chienne mesquine et aigre. Une boisson nébuleuse n’arrangera rien à rien. D’ailleurs se retrouver nu dans les poubelles avec la gueule de bois pour seule compagne, n’est-ce pas là un problème en soi ?

Alors il ne reste plus qu’à serrer les dents, contempler impuissant (et c’est peu dire) la vague immonde et verdâtre qui nous domine comme une tour de mille étages, qui approche de plus en plus vite. Ecumante, poussiéreuse, fatigante.

On se laisse emporter.

On perd ses sandales dans l’eau.

On se cogne les orteils contre des rochers invisibles et pointus.

Quand tout est passé, quand on est moulu, pulvérisé, à peine dissociable du sable, le soleil, d’abord bizarre et gris puis de plus en plus chaleureux se remet à briller.

De fait, il revient.

Les petites vaguelettes d’ennui transportent avec poésie des canettes de bière vides et des écrans d’ordinateur.

Des petits, des énormes.

Des minables, des ridiculement chers.

On se reforme, on se relève et on inspire.

C’est ça qu’il me faut, de l’air.

De l’oxygène, de l’azote… bref ce mélange étrange qu’on respire toute la journée.

Aujourd’hui, j’ai décidé de commencer à respirer.

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