dimanche 18 décembre 2011

L'abécédaire de Montpensier

Il était temps qu'on mette un rubis sur sa belle âme, avant qu'elle ne se mette à vouloir pourrir par fantaisie.

On l'avait vue creuser son propre tombeau en plein soleil, la larme à l'oeil, et personne n'avait bougé, remué, respiré. Les gens, assis dans de grands sièges, étaient tous ailleurs et ne prêtaient attention à rien, si ce n'est la taille de leurs moustaches. Chaque jour elles étaient peignée, repassées, parfumées.

On s'égare, on oublie de quoi on parle, on digresse dans l'ivresse d'une conversation indélicate et condescendante, on renifle et le monde entier s'oublie dans votre nez.

Le tombeau creusé, bouche béante et sombre aux mâchoires terreuses happait les passants, humains et animaux, végétaux, minéraux, sans distinction de classe ou de couleur. De peur qu'un stupide accident n'arrive, le rubis fut retirer, et cet esprit dont la beauté n'était égalée que par sa folie reprit un air triste, sauta dans son cercueil blanc comme neige et s'y endormit d'un seul coup.

La bataille fut gagnée, mais la guerre ne faisait que commencer.

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